Mondo Plonko, nouvelle série de livres à paraître chez Plonk & Replonk.
Quand on se penche sur plus de vingt ans d’images Plonk, on constate que celles-ci tirent le portrait d’un monde somme toute cohérent et qui ressemblerait presque étrangement au nôtre. Tout au plus ce monde-là marque-t-il un petit pas de côté qui le rend plus flottant que ce monde-ci. Si ce monde-là est cohérent, on peut croire à son existence. Dès lors, le geste logique consiste à explorer ce monde qui nous tend les bras. Le projet Mondo Plonko! doit nous permettre de visiter l’Absurdie de Plonk & Replonk en long, en large et en travers avec une liberté totale et une marge de manoeuvre illimitée.
L’idée est de dérouler un feuilleton fleuve se développant selon un processus organique à partir d’un canevas de base très simple et de personnages embryonnaires dont la psychologie initiale tient sur un confetti. Ils trouveront leurs marques et gagneront en épaisseur au fur et à mesure. Le point de départ pourrait être celui-ci:
Nous sommes au début du vingtième siècle. Le monde est encore jeune, le monde est un vaste terrain de jeux propice à l’aventure. Ailleurs existe encore. Une femme fatale de la haute société berlinoise (Barbarella Von Uber und Taxis) exerce son vénéneux ascendant sur deux prétendants que tout oppose: Philémon Le Goff-Tricard est un aventurier français romantique. Le Dr. Winston Fatalas, son double diabolique, est un génie du mal britannique, forcément britannique. Le second cherche à saboter les entreprises du premier, Philémon tente de mettre Winston hors d’état de nuire et tous deux cherchent à gagner le coeur de l’inac- cessible et toute-puissante aristocrate (accessoire féminin: un porte-cigarette). Nous disposons donc d’un héros et d’un vilain lancés dans des entreprises abracadabrantes tout autour du monde au gré des caprices sans frein des auteurs.
Quelques personnages secondaires: Idriss Li-Fu, serviteur dévoué de Le Goff-Tricard, hybride impossible. La moitié gauche de son corps est celle d’un Africain, la droite celle d’un Chinois.
Anatole Suisse est le secrétaire dévoué et cultivé de Von Uber und Taxis. On pourra ajouter plus tard des jumeaux (absolument distincts l’un de l’autre), des comparses, des ennemis, des familles plus ou moins décadentes, des ressortissants de pays hostiles, des espions et plus si entente. Mondo Plonko! se déclinera en un nombre indéterminé, mais potentiellement important de volumes. Le premier d’entre eux nous permettra d’exposer la nature organique et polymorphe du projet. Mondo Plonko! tiendra à la fois du récit de voyages, du roman d’anticipation à la Jules Verne, de l’ouvrage scientifique, du livre d’art, de l’album de photos, du Grand-Guignol, du livre de recettes, du livre d’illustrations, du grimoire, du scrap book, du texte théâtral etc. Il regorgera de pièges, chausse-trappes, fausses pistes, impostures, digressions, élucu- brations et autres impasses. Aventures, exotisme, cités perdues, tribus rocambolesques, océans lointains, villes tentaculaires, trahisons, romances, trésors, crimes et coups de théâtre à tire-larigot semblent aller de soi.
Les pays exotiques ont pour nom le Dentistan (peuplé de dentistes), l’Avocatie (une République d’avocats, bien entendu), l’Oncologie Orientale (où tout le monde dort dans un scanner primitif) etc.
Comme le monde est encore jeune en 1900 et que tout y semble possible, les personnages se déplacent beau- coup, y compris dans le temps (au moyen d’un ascenseur de Grand Magasin) ce qui les emmène dans des mondes parallèles, les distord, les métamorphose, ouvrant ainsi le chemin à de nouveaux volumes etc.
La structure permet un nombre infini de rebondissements. On peut s’attacher soudain au destin d’un seul et unique personnage et lui consacrer un espace important, en retrouver un autre à l’autre bout du monde et surtout décrire in extenso et avec gourmandise cet univers délirant avec toute la crédibilité documen- taire propre aux montages Plonk. On peut, si l’on veut, consacrer un livre entier à un sujet apparemment sans rapport. Ce rapport, il faudra alors l’établir dans un rebondissement ultérieur.
Chaque volume fera l’objet d’une analyse ou d’une préface pour laquelle on convoquera d’éminents spécialistes (bidon) pour un commentaire de haut vol (et qui atterrit rarement).